Le rabot japonais / Kanna un outil rudimentaire mais subtil.

Le rabot japonais / Kanna doit être correctement réglé.

Les rabots japonais appelés kanna sont des outils rudimentaires mais subtiles dans leurs réglages. Ils se composent d'un bloc en bois, un daï en chêne blanc du Japon le plus souvent et en chêne rouge plus rarement, d'un fer en acier laminé hautement carboné et parfois d'un contre-fer. Le contre-fer étant plus récent au japon, il y a énormément de kannas qui se passent d'un contre fer.

Un rabot japonais neuf nécessite une petite série de réglages avant d'être mis en service. Tout d'abord il faut que le daï s'acclimate à l'hygrométrie de votre atelier. Donc on peut le laisser quelques semaines dans une boîte en carton (pour les kanna premium).

Il faut prendre du temps pour observer la géométrie du fer. Elle est beaucoup plus complexe qu'à première vue. Regarder son épaisseur qui s'affine vers le biseau. Ses côtés qui se réduisent, ses creux à l'avant comme à l'arrière.

Les différents points pour régler son rabot japonais / Kanna.

On peut commencer par préparer ce que j'appellerai le lit du fer. C'est l'endroit où le dos du fer est en contact avec le daï. Il est primordial d'ajuster cette zone à votre fer. Car la géométrie des fers de kanna est trés sophistiquée. En effet le dos du fer est concave, ces côté ne sont pas parallèles mais légèrement biseautés. Cela permet plus de stabilité au niveau du fer et cela permet que le fer s'insert en force pour des réglages fins.  Pour adapter le bloc au fer il y une technique simple qui consiste à mettre une goutte d'huile ainsi que du graphite (à l'aide d'un crayon) sur l'arrière et les côtés du fer. On viendra ensuite rentrer le fer au maillet et le graphite se déposera au endroits de fort contact, également au niveau des rainures. Il faudra légèrement gratter ces parties à l'aide lime ou d'un ciseau avec un morfil.

L'idée étant de laisser plus de place au fer afin qu'il descende jusqu'à 10mm avant la lumière. Ces derniers millimètres sont indispensables pour régler finement la sortie du fer, si le fer est lâche dans son logement la chose sera beaucoup plus compliqué. Donc serré mais pas trop, c'est là l'équilibre à trouver. 

Le contre fer du rabot japonais, ce petit fer au grand résultat.

Il faut évidemment affûter le fer et le contre-fer, j'y reviendrai dans une autre note de blog. Cependant il faut savoir que le tranchant du fer doit faire la largeur de la lumière. Pas toute la largeur précisément mais celle qui permet au copeau d'être éjecté et qui correspond à la largeur du contre-fer. 

La semelle du rabot japonais et ses réglages.

Il y a un dernier point indispensable au bon fonctionnement des hira kanna c'est le réglage de la semelle. Il existe différents types de réglages pour la semelle. Il faut en retenir principalement deux. Un pour dégauchir grossièrement ou faire des copeaux plutôt grossier, et un pour finir les pièces et faire des copeaux extra-fin. 

Pour le premier il faut deux points de contact. Les deux correspondent à une bande 10mmm à l'avant du daï et devant la lumière. Le reste de la semelle à l'arrière de la lumière restera hors contact à moins de 0,4mm du reste de la semelle. Entre les deux bandes de contact il faut créer une demi-lune en creux de -0,3mm environ. Ce creux peut-être façonné avec un daï naoshi-kanna (un racloir japonais aussi appelé tachi kanna), ou à l'aide du racloir Tsunesaburo disponible dans notre boutique en ligne, et également avec un racloir européen bien raide (bien épais). 

Pour le deuxième type de réglage pour la finition du bois. Il faut trois point de contact. Les deux premiers comme précédent et le dernier aligné à l'arrière du daï. On fera une oblique de -0,3mm jusqu'à l'arrière de la lumière dans ce cas.

Ces creux permettent tout à la fois d'absorber les défaut du bois, d'éviter une trop grande friction. Et d'avoir un minimum de surface de contact lorsqu'on aplani de nouveau la semelle. Oui il est nécessaire de vérifier la planéité de ces points de contact car dans le temps le bois fini toujours par bouger. 

Avantages du rabot japonais / Kanna sur le rabot européen.

Alors qu'elle est l'avantage d'utiliser un kanna au lieu d'un rabot européen. Il y a bien des différences entre ces deux rabots. Mais les hira kanna présentent bien des avantages. On les utilise en tirant, ce qui permet une plus grande maîtrise de la trajectoire. La qualité des fers et indéniablement meilleure, l'ura : le creux à l'arrière permet un affûtage plus efficace et moins long. L'acier hautement carboné: l'hagane permet une telle dureté qu'il est beaucoup plus facile à affûter sur les pierres à eau. Toutes ces caractéristiques font de ces rabots japonais un outil extrêmement efficace et plaisant à utiliser quand on sait les utiliser correctement.