Anatomie du rabot japonais : Hira kanna

Anatomie du rabot japonais : Hira kanna

Le bloc de bois : daï

Les rabots japonais appelés Kanna ou Hira kanna pour les rabots de finition sont des outils rudimentaires. Ils se composent d'un bloc de bois: le daï, en chêne blanc ou rouge du Japon, plus rarement en bois exotique et d'une lame inséré à l'arrière du bloc. Les kannas peuvent être à fer simple, le plus souvent sur les petits rabots. Mais ils sont le plus souvent équipés d'un contre fer ce qui facilite un bon résultat sur des bois compliqués ou à contre fil du bois. Le fabriquant de bloc, de daï s'appelle le "Daya". Cet artisan est entièrement dédié à la fabrication de bloc. Il y a eu de trés grand Daya qui ont beaucoup apporté aux rabots japonais. Tout particulièrement dans les rabots de spécialité, c'est ce qu'on appelle un Kusemono Daiya. Aigami Choukichi est l'un deux à avoir le plus modernisé ces kanna comme les kirimen kanna (rabot à chanfreiner). Aujourd'hui il y a encore quelques Daya encore en activité au Japon: Kinshirou, Inomoto, Koyohisa. Le plus fameux d'entre eux est "Koyoshiya", il fabrique la majorité des blocs pour les forgerons de renom.

Le fer / kana mi :

Les fers de rabots japonais sont toujours laminés. Ils se composent de deux aciers, un acier support: "Jigane" et un acier de coupe: "Hagane". L'acier support sert à maintenir et renforcer l'acier de coupe qui est trés cassant. L'acier doux Jigane est doux, il est mou et permet la technique "Uradashi". Cette technique consiste à frappé l'acier doux au niveau du biseau afin de rabattre l'acier dur. Cela permet de bien aligner le tranchant de la planche et d'économiser l'acier dur Hagane. On utilise pour se faire un marteau et une enclume, biseau vers le haut, planche vers l'enclume. Attention à ne jamais battre l'hagane, il se cassera automatiquement, il faut viser le haut du biseau et le milieu du biseau pour de plus fin réglage. Je reviendrai sur l'uradashi dans un article de blog dédié entièrement à cette technique.

La géométrie des fers de rabots japonais est plus complexe qu'à première vu. Premièrement les côtés du fer ne sont pas parallèles mais légèrement oblique. Cela a pour fonction de bloquer le fer dans les rainures du bloc. Il y a l'urasuki, c'est le creux au niveau de la planche du fer. Cela permet de gagner du temps à l'affûtage. Mais le profil du fer à également une cambrure, on en doit affûter que le premier centimétre de la planche. Grâce à cette cambrure on préserve le reste de planche.

Le contre fer :

Le contre fer appelé Osae kane est quelque chose d'assez récent. Oui à l'origine le kanna n'avait de contre-fer. Il a été importé par les Anglais à la fin du XIXéme siècle. Le contre-fer est trés intéressant pour travailler les bois durs (typiquement le chêne européen) et les bois compliqués qui ont un veinage sinueux. Il doit être réglé avant utilisation. Sa planche doit être parfaitement plane pour ne laisser aucun espace entre lui et le fer principal. Si il y a du jeu dans le contact entre le fer et le contre fer au niveau des oreilles du contre-fer ("mimi") il faut la rabattre une oreille à l'aide d'un marteau et d'une enclume. Il faut faire un bon affûtage de celui-ci (minimum grain 3000), et enfin faire un micro biseau (fer à 75°) sur votre pierre la plus fine. Cela permet d'avoir un biseau plus robuste qui supportera la pression et permettra aux copeaux d'être mieux éjecté. 

Le réglage de la lumière :

Il existe deux type de lumière: une basique trés ouverte à l'arrière du biseau du fer, et une plus sophistiqué qui possède un Tsutsumi. Le Tsutsumi est une petite cape laissé lors du façonnage du Daï. Cela permet d'avoir une lumière esthétiquement trés fermée. Il faut savoir que le Tsutsumi n'a pas d'influence sur la qualité de sortie du copeau, tout simplement car cette partie est à l'arrière de la réelle lumière: écart entre le bloc et la coupe.

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